• Amélie Nothomb — Le crime du comte Neville

    Le crime du comte Neville


     

    Titre : Le crime du comte Neville

    Auteure : Amélie Nothomb

    Première parution : Août 2015

    Édition lue : Albin Michel

    SYNOPSIS

     « Ce qui est monstrueux n'est pas nécessairement indigne. »

     

    Amélie Nothomb est une femme de lettres belge francophone. Ses romans, décrits comme une intertextualité entre la littérature japonaise médiévale et la littérature occidentale, évoquent des thèmes comme le sens de la vie et de la condition humaine, le métier d'écrivain — ils mettent également en scène un personnage de l'écrivain présenté comme autobiographique — ou encore le suicide amoureux. Depuis ses débuts en 1992 elle publie exactement un ouvrage par an.

    Comme chaque année, c'est l'attente, c'est la chaleur qui apaise en excitant... Car août approche, toujours, il veut me prendre, me tirer vers la sortie, et la sortie c'est les cours, la socialisation, les problèmes — sans société, comment voulez-vous que j'aie des problèmes ? —, mais, et là se trouve toute la chair de dilemme, il y a aussi Amélie Nothomb qui publie son dernier né. Le rejeton de 2015 est un bel hommage à Oscar Wilde et accessoirement — ô surprise — un conte.

    « L'insomnie consistait en une incarcération prolongée avec son pire ennemi.

    Ce dernier était la part maudite de soi. »

    Pour faire court : c'est un comte qui apprend d'une voyante — qui a recueilli sa fille après une prétendue fugue — qu'il tuera, à la grande réception d'octobre, un de ses invités. Nous est ensuite expliqué que tuer un invité, cela ne se fait pas. L'écriture n'emprunte rien : c'est du Nothomb tout craché, et c'est je pense une des seules qualités, finalement, de cette romancière. Elle sait happer le lecteur, elle a cette technique inimitable de l'adjectif biscornu, de la tournure cynique risible, de l'attachement méprisable, du mépris mesuré dans les lignes, qui peut faire passer n'importe quelle histoire — d'où, de mon intime confession, la sortie annuelle de roman ; comme, dit-elle, des accouchements. Le style sait jouer ces tours particuliers et entraînants, il gobe en quelque 130 pages cette fois-ci.

    « J'ai plus de tolérance pour le parricide et le matricide que pour l'infanticide. »

    Il y a également l'histoire, toujours aussi familière, dans le fond, et singulière, tissée on ne sait d'où, sortant on ne sait de quelle imagination noirâtre et dérangée, déformée. Il y a le fil, ingénu en apparence, qui s'étire pour devenir monstrueusement hypocrite, volant les fins classiques en en changeant l'ingrédient le plus important de la recette. À ce sujet, l'humour un tantinet vaudevilliste qui se distille paisiblement à chaque bifurcation du conte prend un tournant particulier à la fin, qui détonne, sans en rien dire, comme d'ordinaire. C'est l'originalité, seule, veuve, qui opère dans toutes mes lectures nothombiennes, immanquablement, avec la même intensité ; c'est là la seconde qualité que je pourrais citer si j'avais quelque autre analyse à fournir, et je pense que c'est suffisant.

    « Ne plus posséder cet endroit de rêve n'était pas grave, mais qu'il soit détruit, même à titre d'hypothèse, les suppliciait tous les deux. »

    J'ai toujours l'impression horripilante de me faire arnaquer. Je me fais assurément arnaquer. Et j'en redemande. Béatement. En bon mouton certainement. Conscient, cela je le sais, qu'il ne s'agit pas d'une grande littérature comme j'en suis féru, ce qui me rebute parfois ; qu'il y a là une histoire presque enfantine qui pourrait me faire vomir, encore, du réel. Comme après une partie de billes, je repars avec le sourire en ayant tout perdu : mon temps, mon bien — et, il faut en être sûr, je reviendrai demain pour le même fauchage violent mais joyeux.

    « Vous qui n'avez jamais eu faim, vous ne savez pas ce à quoi la pauvreté accule... »

    Le cynisme m'a fait du bien. J'aurais quand même à reprocher les longueurs dues aux flashbacks sur les vies des personnages, qui n'ont pas grande importance sur le déroulé des événements. Du reste, il ne se passe pas grand-chose. Mais c'est suffisant. J'aurai perdu mon temps, quelques neurones, et pourtant, je reviendrai dans un an. En réalité c'est presque triste. Quelque peu frustrant. Oui, je pense ne rien révéler en disant que ma lecture fut une vraie tragédie grecque...

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  • Commentaires

    1
    Mathilde, encore
    Mercredi 11 Novembre 2015 à 18:58

    Oh ! Tu as déjà fait la critique ! J'espère que ce n'est pas un spoiler. :-)

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