• Élisabeth Barillé — Petit éloge du sensible

    Petit éloge du sensible


       

    Titre : Petit éloge du sensible

    Auteure : Élisabeth Barillé

    Parution : Septembre 2008

    Édition lue : Folio

    SYNOPSIS

    « Je choisis ce qu'il y a en moi d'essentiel, d'infini et de non monnayable. Je choisis de cultiver l'esprit de finesse, les émotions délicates, les sensations patiemment tamisées, sachant que si la faim du corps, tout impérieuse soit-elle, a ses impasses, celle de l'esprit, elle, s'accorde à l'illimité, tout comme les nourritures dont il se rassasie : l'offrande ultime d'une rose de novembre, l'âcreté sensuelle d'un feu de cheminée, le nuancier d'un ciel normand, l'ivresse du baiser qu'on n'attendait plus.
    Je choisis l'ordre sensible contre la tyrannie sclérosante des ambitions. »

     

    Le livre fait partie de la série Petit éloge de Folio dont je vous aurais volontiers partagé la liste si leur site fonctionnait... Il ne fait même pas partie des Œuvres admises de Wikipédia de l'auteure, que je lis pour la première fois.

    « Je choisis l’ordre sensible contre la tyrannie sclérosante des ambitions. »

    C'est une sorte d'essai romancé, avec un certain nombre de chapitres, sans grand rapport et aux titres alléchants, il faut le dire. Les mots, l'écriture m'ont fait beaucoup de bien, davantage par la poésie et la phonétique qui s'en dégagent que par le fond. Cette idée de sensible se retrouve à l'intérieur même du livre : tout est écrit avec pour plume une forme de beauté extatique ; une gigantesque bouffée d'air, une terrifiante ébriété textuelle. Pour cela, je le recommande fortement à tous les mélancoliques : il saura je pense vous vivifier un tantinet.

    « Tout art est solitude. »

    On nous parle d'écriture, on nous parle d'amour, on nous parle de vie, on nous parle d'identité, on nous parle d'art, on nous parle de mort, on nous parle de femmes. Un joli nuancier de sujets, tant il y a à dire sur le sensible en cent pages... Un repas frugal des fébriles magnificences, donc !

    « Être libre, c'est s'affranchir des biens tarifés, des plaisirs négociables, c'est réduire sa consommation, réduire ses besoins, aiguiser ses émotions. »

    Nombre de fois, j'ai été amené à penser que l'ouvrage était uniquement destiné à un public féminin. C'est une bévue que j'assume, bien qu'elle puisse effectivement être qualifiée de condescendante ou de discriminatoire. Pourquoi ? Parce qu'on nous dit ouvertement que le livre est destiné à tous, parce que le sensible est en chacun de nous ; et d'un autre côté, tous les personnages sont des femmes et certains passages semblent ne s'adresser qu'à celles-ci, sinon parce que c'en est le but, au moins parce que les autres n'y comprennent rien.

    « Le matin, j'entends les oiseaux ; le soir le silence.
    J'entends aussi des fantômes. J'écris sous leur dictée.
    Écrire, pour moi, c'est vivre en paix parmi les ombres. »

    J'ai été très mitigé à la lecture, et ce pour une seconde raison : l'auteure semble se battre contre l'obscénité tout en l'introduisant très clairement au fil de ses lignes. Certains passages vont assez loin, me semble-t-il, exploitant peut-être le côté humain, clairement lié au domaine de la fébrilité sensible... Il n'empêche que c'est la femme qui est à l'épicentre de ce séisme de lettres. Je pourrais parler plus précisément de chapitres tels Femmes, on vous ment !. Peut-être faut-il y voir une allusion : la femme est le temple du sensible, et l'homme ne fait qu'y prier. Je précise que je ne fais qu'interpréter, rien n'est clair... et pourtant tout l'est.

    « Écrire, c'est résister sans cesse. Écrire, c'est exister contre. »

    C'est prosaïque et métaphorique en même temps, j'ai vraiment adoré. Mais il manquait quelque chose à ma lecture haute en couleurs, et je ne saurais dire quoi. Peut-être un peu plus de matière. Peut-être un peu plus d'éclectisme, pour le coup. De même, le cas de la narratrice est aussi généralisé, prétendant s'identifier aux autres, j'aurais pu en être gêné, entravé dans mon périple. Toujours est-il que c'était un grand moment, je me rappellerai longtemps de cette bouffée de vie. Dans mon être, c'est chose rare, il faut le savoir. Un phénomène que seuls les livres peuvent encenser. Petit éloge du sensible en fait, à mon sens, désormais partie, et pour moi, c'est une œuvre à part entière d'Élisabeth Barillé.

    Et toi, tu vas le lire, dis ? Lis, tu verras !

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