• Jean-Pierre Siméon — Poèmes du corps traversé

    Poèmes du corps traversé


             

    Titre : Poèmes du corps traversé

    Auteur : Jean-Pierre Siméon

    Première parution : 1998

    Édition lue : Cheyne

    SYNOPSIS

     « Jean-Pierre Siméon est né en 1950 à Paris. Professeur agrégé de lettres, il enseigne à l'École normale de Clermont-Ferrand. Cofondateur de la revue Arpa, il participe également à la vie des Cahiers de l'Archipel. A publié une dizaine de recueils de poèmes, en particulier chez Rougerie (Hypnose du silence, Présence abandonnée du corps, Trente élégies de l'ardeur) et à l'Imprimerie de Cheyne (Fuite de l'immobile, prix Artaud 84, A l'aube du buisson). Collaboration à de nombreuses revues. Auteur par ailleurs de nouvelles et de pièces de théâtre. »

     

    Dans l'édition originale, les Poèmes du corps traversé précèdent Les douze louanges. C'est donc un recueil de poèmes — appelons cela ainsi — en deux parties, la seconde étant moins fournie. Une suite logique dont le thème semble être le corps, comme l'indique le titre. Il est en effet très ardu de distinguer le véritable dessein de ces fragments de textes, si ce n'est l'éloge de la fébrilité, du sensuel, du charnel et d'une passion assez indescriptible.

    « Comme tu approches dans ton pas trop privé ! Tu survis, tu as le goût de tes nombreuses guérisons.

    Il faudrait parler de la pureté de l’air où tu te risques chaque fois que tu répugnes à l’invisible (le verger est ainsi, sa couleur passe son supplice).

    Il faudrait prévenir la parole de ses marges lasses, accomplir dans ton visage rudoyé les intentions de la douceur. »

    Une série de répétitions, de dialogues sourds, d'adresses dont on ne comprend strictement, absolument rien, et dont le but demeurera, je le souligne sans regret aucun, dans les nébuleuses. J'aurais d'abord dû compter le nombre total d'emplois du mot lèvres, et ce fut pourtant le seul point, la seule évocation qui pût s'apparenter à une description du corps, du moins un regard pour le corps, une attention pour le corps. Il y a manifestement un rapport à l'espace, au temps, aux yeux à adopter pour voir le monde, et intrinsèquement à une certaine condition de vie, une philosophie particulière que l'auteur aurait tenté de distiller à travers ces lignes.

    « Légère et réunie, ta parole me précède. Encore un miroir comblé de ton visage : tes jaillissements sont illustres, ils brûlent mes herbes pauvres.

    Je t’attends, cheminante, sur des lieux vendangés. Hors du vide, de son bronze anonyme, il n’y a place que pour ta durée. Tu prends forme des saisons, de leur vase limpide.

    Légère et réunie, ta parole me précède. Encore un miroir comblé de ton image, la proche apothéose de ton corps. »

    Je me suis senti trahi par une poésie qui, au premier abord, m'a paru magistralement dénudée, remarquable par sa puissance, qui devait devenir un flot de paroles qui eussent parfaitement pu être prononcées par un fou à lier, incompréhensibles : de la poésie inatteignable ? Y aurait-il quelque ironie à déceler, je ne sais pas ? Une chose est sûre : je n'y suis pas sensible du tout, quoique quelques passages m'aient interpellé par leur sonorité, leur agencement, mais cela ne fait que renforcer ma déception en ceci que tous les passages devaient être ainsi.

    « Ton geste d’aujourd’hui habille la maison. Ici les miroirs respirent, le ciel appartient à ton épaule. Congé sera donné au toit, qu’il dorme avec les pierres recluses !

    Quel masque faut-il rompre, quelle distance déplacer jusqu’à la fenêtre ? Nous nous tenons, jeune parfum, dans la fraîcheur de l’instant. Nous mesurons le jour à son bond capricieux.

    Tour à tour dans l’éveil et la richesse du drap, le corps revient à sa chance, laine du repos, confiante beauté. »

    Et j'en viens au pire : l'ingénuité des mots, presque adolescente, qui a transparu ; à ma lecture, j'ai été constamment enfoncé par ce parfum abominable d'idéalisme (toujours bien incompréhensible, inatteignable... on s'en lasse, comme on s'en lasse !), de je ne sais trop quel utopisme (du corps peut-être), d'une foudroyante innocence... Cela peut se lire en trente minutes à peine, mais j'ai mis plusieurs jours à le grignoter parce que je n'arrivais pas du tout à m'y plonger : je n'y suis du reste jamais arrivé. En bref : la poésie adolescente inaccessible, très peu pour moi. Je regrette de m'y être attardé et de finir sur une telle désillusion : la forme du recueil m'inspirait, m'enchantait beaucoup. L'habit, hélas, ne fait pas le moine. Preuve en est faite.

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