• Un chant de Noël


             

    Titre : Un chant de Noël

    Auteur : Charles Dickens

    Première parution : 1843

    Édition lue : Version "succès du livre".

    SYNOPSIS

    « Écrit à la suite d'un voyage à Manchester, où Charles Dickens, visionnaire au grand cœur, avait défendu l'éducation comme moyen de lutte contre la pauvreté, Un chant de Noël préfigure les premières réformes pour humaniser le travail dans l'Angleterre industrielle de la reine Victoria. L'histoire de Scrooge, vieil avare grincheux et solitaire que trois fantômes vont convertir, la nuit de Noël, à la gentillesse et à la bonne humeur, continue de séduire petits et grands depuis sa parution en 1843. Drôle et émouvant à la fois, ce conte renoue pour notre plus grand plaisir avec le mythe du paradis terrestre. »

     

    C'est l'histoire de M. Scrooge, vieil homme acariâtre et solitaire, qui n'aime rien ni personne et que personne n'aime. Noël approchant, ses plaintes ronchonnes, comme chaque année, résonnent de toutes parts. Mais cette année, Scrooge va être miraculé...

    « L'obscurité ne coûte pas cher, c'est pour ça qu'il l'aimait bien. »

    Il s'agit donc d'un récit plutôt court et très simple à lire, mais non moins attachant et gentiment moralisateur. Je ne sais trop quoi commenter puisque je ne l'ose, en réalité ; on ne peut remettre en cause une telle voix, une telle puissance d'évocation, ce fil qui vous tient jusqu'au bout, sans pour autant en faire des tonnes, sans que l'histoire n'en soit très compliquée... On ne peut les remettre en cause car ils sont assurément des acquis à la lecture de Charles Dickens.

    « Je vous souhaite un gai Noël, mon oncle, et que Dieu vous garde ! », cria une voix joyeuse. C’était la voix du neveu de Scrooge, qui était venu le surprendre si vivement qu’il n’avait pas eu le temps de le voir.
    « Bah ! dit Scrooge, sottise ! »

    Une fable à morale des plus cultes au monde, qui gagnerait, j'en suis certain, à être découverte en anglais également (on notera de nombreux éléments tout à fait célèbres dans la littérature anglaise, comme le "humbug!" de Scrooge — "sottise" en français) ; une œuvre accessible, intemporelle, universelle, que l'on pourrait trouver quelque peu niaise mais qui sait prouver le contraire. Un classique, donc !

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  • L'invité

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    Titre : L'invité

    Auteur : Roald Dahl

    Première parution : 1965

    Édition lue : Folio (2006) : traduction de Maurice Rambaud (1974).

    SYNOPSIS

    « Connaissez-vous Oswald Hendryks Cornelius ? Ce grand voyageur, amateur d'araignées et d'Opéra italien, collectionneur de cannes, souffrant d'une phobie des microbes, et surtout séducteur invétéré ? Voici quelques pages du journal de cet étonnant personnage: lors d'un voyage en Égypte, à la suite de nombreuses péripéties, Oswald est invité à séjourner dans un somptueux château au beau milieu du désert du Sinaï. Et qui dit château dit princesse à séduire...mais à quel prix ! »

     

    C'est un bref récit de cent pages, une nouvelle comme elles affluent chez Roald Dahl. Celle-ci est extraite du recueil "La grande entourloupe", et ç'aura tout de même été ma première lecture de cet auteur d'un récit adressé à un public adulte. Une fois encore : je n'ai pas été déçu.

    « Pour ma part je n'ai jamais, absolument jamais laissé une relation intime se prolonger plus de douze heures. C'est l'extrême limite. Même huit heures, selon moi, c'est déjà tirer sur la ficelle. »

    Abordant le thème de l'amour avec une brutale délicatesse (je ne saurais faire plus précis sans dévoiler une once de ce qu'il incombe de garder pour secret), empruntant futilement le chemin revigorant, parfumé et haut en couleurs du voyage et du désir de vivre, l'auteur m'a emporté dès les premières lignes et, lorsqu'il m'est apparu logique de lâcher les dernières, j'étais là, bouche bée, refusant d'y croire, avec l'envie de relire une seconde fois. Ce que j'ai fait, par passages.

    « Oh, à propos, me lança M. Aziz, d'ordinaire je mets une cravate noire pour dîner. [...] C'est surtout pour plaire aux dames. On dirait qu'elles adorent se mettre sur leur trente et un pour dîner. »

    La chute est en effet cinglante. Je n'en dirai pas plus. Cette nouvelle est un concentré de cynisme et d'humour noir, maîtrisé sans conteste par Roald Dahl, et je m'attarde dans l'idée qu'il faudrait idéalement, systématiquement le lire une seconde fois. Il s'avère de fait que de nombreuses pistes et métaphores (je pense notamment au scorpion avec ses enfants sur le dos !) sont laissées au lecteur pour entrevoir sinon le dénouement, du moins la suite des événements — ce qu'il n'arrive bien entendu jamais à faire.

    « J'ai passé une nuit excellente, vraiment, merci à vous, répondis-je, en lui montrant que je savais. »

    Je recommande très fortement cette lecture qui fut un grand moment, il faut le dire, ce qui pourvoit d'ailleurs L'invité d'une attention supplémentaire dans ma note. Ma première belle découverte depuis que j'ai ouvert ce blog, en somme !

    Pour ceux qui l'ont lu, n'hésitez surtout pas à me commenter, cela me ferait très plaisir. Pour les autres... filez ! filez donc ! C'est à 2€ le folio !

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  • Nos amis les humains


             

    Titre : Nos amis les humains

    Auteur : Bernard Werber

    Parution : 2003

    Édition lue : Le livre de poche

    SYNOPSIS

    « Les humains sont-ils intelligents ? Sont-ils dangereux ? Sont-ils comestibles ? Sont-ils digestes ?
    Peut-on en faire l'élevage ? Peut-on les apprivoiser ?
    Peut-on discuter avec eux comme avec des égaux ?
    Telles sont les questions que peuvent se poser les extra-terrestres à notre égard. Pour en avoir le cœur net, ils kidnappent deux Terriens, un mâle et une femelle, Raoul et Samantha. Ils les installent, pour les étudier tranquillement, dans une cage à humains. Une « humainière ». Ils espèrent ainsi assister à une reproduction en captivité. Le problème, c'est que Raoul est un scientifique misanthrope et Samantha une dompteuse de tigres romantique. Pas simple dans ce cas pour nos deux cobayes de se comprendre et, a fortiori, de s'aimer... Avec cet ouvrage, rédigé comme un huis clos philosophique, Bernard Werber nous présente une nouvelle facette de son art. Une fois de plus, il nous propose de prendre un peu de recul, d'avoir une perspective différente pour comprendre l'humanité « autrement ». »

     

    Une forme curieuse tout d'abord, à mi-chemin entre le roman et la structure théâtrale, bien que les critiques revendiquent cette dernière. Une histoire assez farfelue au premier coup d'œil, qui semblait prometteuse. C'est aux premières lignes que je me suis aperçu de la bassesse un peu généralisée que l'on retrouve tout au long de l'ouvrage, et qui allait devenir un cauchemar — c'était sans compter sur la brièveté du livre, laquelle a rapidement mis fin à mes souffrances.

    « La télécommande de la télévision. Voilà le révélateur ultime de l'autorité conjugale. Détenir la "commande de la télévision", c'est décider du programme de toute la soirée. Quand l'homme renonce à ce dernier symbole, c'est qu'il a tout perdu. »

    Quand on croise pauvreté de style et pauvreté de goût, on obtient un ramassis assez immonde qui se situe entre le livre pour enfant — l'écriture étant à peine digne d'un "Foot de rue" — et le huis clos raté, dont on ne cerne pas où il veut nous amener. En effet, j'aurais aisément classé le livre dans les rayons "enfants" s'il n'y avait pas de sexe à l'intérieur...

    « On n'est pas des bêtes, on a la pilule ! »

    J'attendais, outre cette façade du style qui accélère d'autant plus la lecture de ces 190 pages de 5 lignes police 24 chacune, un côté scientifique poussé que l'on attribue à cet auteur. Il n'en est rien, absolument rien ; c'était pourtant là mon dernier espoir !... Tout est vu d'un œil spectateur, lui-même débile, sans aucun fond — et Dieu sait comme il m'agace déjà de me remémorer la forme. Le tout ponctué d'une dimension philosophique attachée à un non-sens impérial.

    « Ma conclusion de témoin est que... l'homme est un loup pour l'homme. »

    N'ayant pas lu "Les fourmis", je me refuse à me donner une image tout à fait négative de Werber avant de l'avoir fait. Je demeure tout de même détruit par cette lecture qui est à mon sens une perte de temps manifeste...

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  • Yann Andréa Steiner


             

    Titre : Yann Andréa Steiner

    Auteure : Marguerite Duras

    Parution : 1992

    Édition lue : Folio

    SYNOPSIS

    « C’était donc onze heures du matin, au début du mois de juillet.
    C’était l’été 80. L’été du vent et de la pluie. L’été de Gdansk. Celui de l’enfant qui pleurait. Celui de cette jeune monitrice. Celui de notre histoire. Celui de l’histoire ici racontée, celle du premier été 1980, l’histoire entre le très jeune Yann Andréa Steiner et cette femme qui faisait des livres et qui, elle, était vieille et seule comme lui dans cet été grand à lui seul comme une Europe.
    Je vous avais dit comment trouver mon appartement, l’étage, le couloir, la porte. »

     

    C'est l'histoire d'un amour, d'un perchoir romantique d'où l'on voit la plage et l'étendue bleue. Un cadre tout à fait emportant que la couverture suggère magistralement à mon goût. C'est l'histoire d'une vie et de celle d'un autre, d'une autre et d'un autre, d'autres. Les vies qui sont des points depuis l'appartement.

    « Elle dit aussi que s'il n'y avait ni la mer ni l'amour personne n'écrirait des livres. »

    Bruits intempestifs alentours obligent, j'ai écouté de la musique en même temps que je lisais. J'ai écouté Cry Me a River de Julie London. J'ai mis longtemps à trouver une musique adéquate, mais quand je l'ai trouvée, elle ne s'est plus arrêtée de se répéter. Elle a donné du sens aux mots, c'est pourquoi je vous recommanderais presque de faire de même si d'aventure vous seriez pris de l'envie de lire Yann Andréa Steiner.

    « Qu'écrire pour moi, c'était comme pleurer. Qu'il n'y avait pas de livre joyeux sans indécence. Que le deuil devrait se porter comme s'il était à lui seul une civilisation, celle de toutes les mémoires de la mort décrétée par les hommes, quelle que soit sa nature, pénitentiaire ou guerrière. »

    Ce n'est pas une écriture que j'affectionne, mais je m'incline tout de même devant la beauté de certains passages, terrassé parfois par une sorte d'imminence poétique, omniprésente et toute pleine d'une espèce de joie mélancolique, d'un bonheur fade. Le cadre lui-même y participe.

    « Vous me demandez :
    — Où est-on ?
    — J'ai dit : À S.Thala.
    — Et après S.Thala ?
    J'ai dit qu'après S.Thala c'était encore S.Thala. C'est là. C'est là en effet que se trouve la ville de tout amour. »

    La déstructuration de la phrase me plaît beaucoup, mais j'ai eu l'impression de lire quelque chose que je ne comprenais pas et qui me donnait néanmoins l'illusion que je le comprenais. Je pense qu'il faut l'avoir lue, assez conséquemment, qu'il faut connaître son histoire personnelle*, et c'est bien dommage que j'aie dû le faire après ma lecture. Lecture qui ne m'a pas transcendé du reste. Cela se lit vite, ce qui compense, osé-je supposer. J'ai également eu le sentiment que l'auteure elle-même qualifiait son œuvre de tierce, relative, hasardeuse et entièrement  dépendante du reste. C'était tout de même sympathique. Sans plus, donc. J'ai tout de même été encouragé à explorer plus en profondeur son œuvre, ce à quoi j'essaierai de m'atteler.

    * Pour information, Yann Andréa n'est autre que son dernier compagnon dont elle parle très clairement dans cet ouvrage.

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  • Et tu n'es pas revenu


             

    Titre : Et tu n'es pas revenu

    Auteures : Marceline Loridan-Ivens et Judith Perrignon

    Parution : 2015

    Édition lue : Grasset

    SYNOPSIS

    « J’ai vécu puisque tu voulais que je vive. Mais vécu comme je l’ai appris là-bas, en prenant les jours les uns après les autres. Il y en eut de beaux tout de même. T’écrire m’a fait du bien. En te parlant, je ne me console pas. Je détends juste ce qui m’enserre le cœur. Je voudrais fuir l’histoire du monde, du siècle, revenir à la mienne, celle de Shloïme et sa chère petite fille. »

     

    Les souvenirs froids, les horreurs cachées dans la tête de Marceline Loridan-Ivens m'ont été révélées. Déportée à Drancy puis à Auschwitz-Birkenau, l'auteure, suppléée des deux mains de la journaliste Judith Perrignon, fait une lettre ouverte à son père, Salomon en France, Shloïsme en son cœur, qui lui n'en est jamais revenu.

    « Tu n'es pourtant pas mort pour la France. La France t'a envoyé vers la mort. Tu t'étais trompé sur elle. »

    C'est un livre d'une force émotionnelle extraordinaire. Le style est crû, on ne mâche pas ses mots dans ce qui semble être un aveu, quelque chose qui pèse dans un cœur meurtri par les camps et l'inhumanité d'un autre monde. L'horreur se mêle à cette forme — assez prononcée m'a-t-il semblé — d'inhumanité, même dans l'écriture ; je pense notamment aux passages dans lesquels elle dit avoir "assassiné" des gens, sans qu'on sente une fébrilité dans l'écriture, un scrupule attaché à la mémoire, car la survie seule comptait.

    « Survivre vous rend insupportables les larmes des autres. On pourrait s'y noyer. »

    Une histoire affreuse, quand on se rappelle la vie qu'elle s'est bâtie au sortir des camps, une vie d'actrice, de scénariste enjouée, ne parlant des numéros tatoués sur son bras que rarement, pour répondre à des questions. Et ces questions, peut-être est-ce là le pire, dans cette histoire... et ces questions ! Personne n'a compris ce que cette femme a vécu, ce qu'elle garde caché dans sa tête (tant d'abominations doivent s'y trouver !). Une histoire bouleversante.

    « Ce jour-là, sur le quai, il m'a juste dit, en me montrant discrètement son matricule : "J'étais à Auschwitz. Ne leur raconte pas, ils ne comprennent rien." »

    J'espère que les gens d'aujourd'hui comprennent, à présent. Qu'ils comprendront toujours autant. Qu'ils s'en souviendront tant que l'homme dominera, comme une bifurcation macabre, un chemin ténébreux que l'on doit éviter mais dont la présence ne doit jamais être oubliée. Oui, je pense que ces mots illustrent bien ma lecture. Un livre qui ne mâche pas ses mots.

    À lire, à relire et à ne pas oublier.

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