• Patrick Modiano — La ronde de nuit

    La ronde de nuit


             

    Titre : La ronde de nuit

    Auteur : Patrick Modiano

    Première parution : 1969

    Édition lue : Folio

    SYNOPSIS

     « Comment devenir traître, comment ne pas l'être ? C'est la question que se pose le héros du récit qui travaille en même temps pour la Gestapo française et pour un réseau de résistance. Cette quête angoissée le conduit au martyre, seule échappatoire possible.


    Par ce livre étonnant, tendre et cruel, Modiano tente d'exorciser le passé qu'il n'a pas vécu. Il réveille les morts et les entraîne au son d'une musique haletante, dans la plus fantastique ronde de nuit. »

     

    Patrick Modiano, né le 30 juillet 1945 à Boulogne-Billancourt, est un écrivain français, auteur d’une trentaine de romans primés par de nombreux prix prestigieux parmi lesquels le Grand prix du roman de l'Académie française et le prix Goncourt. Il obtient le Prix Nobel de Littérature le 9 octobre 2014. La ronde de nuit est son deuxième roman, paru aux éditions Gallimard en 69.

    Un récit qui, au premier abord, paraît obscur. Une flopée de noms, dont on ne sait justement s'il s'agit bien de noms ou de pseudonymes, d'actions, de descriptions de cette ronde de nuit, de cette parade diabolique qui jette sur l'œuvre toute entière des draps d'horreur. Une ambiance malsaine, donc, pour une réflexion candide d'un narrateur qui se sait découpé, qui se veut oublié, qui s'oublie.

    « D'un naturel méfiant, j'ai l'habitude de considérer les gens et les choses par leur mauvais côté pour ne pas être pris au dépourvu. »

    J'ai d'abord été assez réfractaire à ce monde dont les portes m'étaient laissées fermées. Je n'accrochais pas à l'écriture. Puis, par petites parcelles, les portes se sont ouvertes, et je suis entré dans le récit, dans cette atmosphère d'occupation horriblement pesante, et qui en même temps s'affranchit totalement de ses contours pour adopter une forme faussement joyeuse : la musique, la danse, les rires, les banalités, les routines, les visages qui se dessinent peu à peu dans l'esprit du lecteur comme dans celui du narrateur. La joie d'une extrême minorité, et une joie terrible, morbide, celle d'un groupe de crapules en tous genres qui tirent parti de l'épouvante française.

    « On ne peut suivre les hommes. »

    J'ai apprécié la retranscription du doute, de la mélancolie, du malheur de l'Occupation. Je ne sais si apprécier est réellement le verbe à employer ; tout du moins ai-je été happé par cette histoire dès après y être entré. C'est une vision que j'adore, celle du cynisme, de l'ironie. On a un tableau d'une période sombre de l'histoire que tout le monde connaît — compris ceux qui la nient — d'une part, et d'un microcosme extrêmement particulier, que l'on a tendance à oublier, d'autre part : celui du charlatanisme, de la cruauté, d'une filière mafieuse, dirais-je, du collaborationnisme. Est exprimé un point de vue de la résistance qui m'a semblé fébrile, sans grands moyens si l'on compare à ceux des collaborateurs, et surtout sans jamais évoquer l'extérieur. On se sent prisonnier en France, mais pis encore : à Paris, mais pis encore : dans le cœur du narrateur. Un narrateur sans nom. Sans histoire digne d'être racontée. Seul.

    « Depuis mon enfance, j'ai promis tant de choses que je n'ai pas tenues, fixé tant de rendez-vous auxquels je ne suis pas allé, qu'il me semblait "enfantin" de devenir un traître exemplaire. »

    Un très bon roman, dont la brièveté seule m'est apparue hypocrite — ayant mis un temps à rentrer dedans, tout de même. On s'en délecte, vraiment.

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