• Poèmes suivi de mirlitonnades

    ★ ★ ★ ★ ★

    1976-1978

    Un pur moment de bonheur. J'ai pris mon pied à travers ces quelques mots. L'essentiel y est pourtant dit. C'est un monde toujours noir que l'on retrouve, un rapport à la langue tellement cru et poétique en même temps, tellement jouissif, mystérieux, inaccessible d'une certaine façon. Si je devais résumer la vision de Samuel Beckett de la langue, je dirais que tout est tellement inaccessible que cela devient à la portée de tous. Chaque lecteur aura accès à une « interprétation » différente. Je pense que cela s'applique à tous les ouvrages, mais là, c'est manifeste, comme une évidence qui s'allonge à mesure que l'on feuillette.

    « que ferais-je sans ce monde sans visage sans question
    où être ne dure qu'un instant où chaque instant
    verse dans le vide dans l'oubli d'avoir été
    sans cette onde où à la fin
    corps et ombre ensemble s'engloutissent
    que ferais-je sans ce silence gouffre des murmures »

    Alors on fait bien attention, on a l'impression que chaque page, qui contient en général moins de vingt mots, est d'une valeur inestimable. J'ai bu, comme je l'avais fait avec L'image et Le dépeupleur (mes deux seules lectures antérieures, si on y soustrait En attendant Godot que je n'ai pas terminé), ces lignes sombres et atypiques, avec un grand enthousiasme. C'est réellement un bijou que de lire de pareils déchets... Oui, ce ne sont que des déchets par rapport au reste. Des fragments alcoolisés, que l'on suppose hasardeux au premier abord... Le reste, qu'est-ce que c'est ? Ce n'est pas le reste de l'œuvre de Beckett dont je te parlerai encore et encore et encore pendant plusieurs semaines. Le reste, c'est ce qui se passe entre les mots et les yeux, une vague textuelle étrangement jouissive (je reviens au même radical), à tel point que l'on se croit pris dans l'impulsion.

    « vive morte ma seule saison
    lis blancs chrysanthèmes
    nids vifs abandonnés
    boue des feuilles d'avril
    beaux jours gris de givre »

    Je mets cinq étoiles, mais dans ma pensée, il y a un 4.5/5. Or j'ai découvert que les étoiles à demi remplies n'existaient pas en caractères spéciaux. Tant pis. 4.5, pourquoi ? Parce que j'ai peur de trouver mieux par la suite...

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    Série Beckett

     Comme la photo de très bonne qualité du dessus le prouve, j'ai accès à un grand nombre — si ce n'est à la totalité — des ouvrages de Samuel Beckett, auteur que j'apprécie beaucoup tout en l'ayant peu lu. Aujourd'hui, là, maintenant, en ta présence, je te propose quelque chose, toi qui me lis si gentiment (merci). Tu veux que j'essaie de formuler ? O.K., attends, j'essaie.

         

    C'est l'été, il fait chaud, c'est la canicule, buvez de l'eau-appelez vos proches-ne faites pas d'effort-mangez léger-dormez-ne vivez plus-mais respirez, bla bla bla. L'ennui est assez élevé, lui aussi. Mais je ne compte aucunement tuer le temps, le temps ne m'ayant rien fait et l'homicide n'étant pas de mes attributions principales. Le temps, j'aimerais le chérir, et pour cela, il n'y a pas trente-six solutions : je dois lire. J'ai beaucoup de critiques à te poster, aussi, parce que j'ai plein de jolis livres que j'ai lus et qui attendent d'être rangés, mais je suis un surhomme, tu sais, alors je peux faire autre chose en parallèle.

    Donc. Je te propose, toi qui me lis toujours (enfin j'espère), de te faire une série Beckett. Ce n'est pas bien compliqué : je lis tout ce que je peux de Beckett, tout en préservant mon rythme de lecture normal (voire en l'accélérant, si tu es gentil avec moi), et je t'en fais part dans cette rubrique créée spécialement à l'occasion.

    Je ne procèderai pas comme d'habitude, les livres seront classés à part dans les récapitulatifs.

    Et en plus de cela, je noterai avec des étoiles et non avec des feus. Pourquoi ? C'est simple, je t'explique. Tout ce que je risque de lire a de très grandes chances d'être vert ou "vert ++". Il n'y a donc aucun intérêt : autant te faire part de ce que j'ai préféré parmi ces livres et de ce que j'ai moins aimé ; surtout si toi aussi, un jour de canicule — ou pas, je ne connais pas tes activités ni tes préférences, tu sais —, l'envie de parcourir l'œuvre de Beckett venait à te prendre, là, comme ça, comme une grippe de joie.

    Si tu ne connais pas Beckett, tu vas sur son Wikipédia, merci, parce que là, vraiment, tu ne peux pas continuer à vivre. Bon, on se retrouve vite pour les premières chroniques. À bientôt !

    Et toi, ça t'a donné envie de lire du Beckett, dis ?

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