• Yukio Mishima — Confession d'un masque

    Confession d'un masque


             

    Titre : Confession d'un masque (仮面の告白, Kamen no Kokuhaku)

    Auteur : Yukio Mishima

    Première parution : 1949 (VF : Traduction de Renée Villoteau, Gallimard, 1972.)

    Édition lue : Folio

    SYNOPSIS

     « Dans ce roman aux résonances autobiographiques, Mishima a peint un personnage qui se bat continuellement contre ses penchants homosexuels. Il cherche à les dissimuler aux autres et à lui-même. Le récit de son amour pour la sœur d'un de ses camarades nous conduit, à travers les années d'enfance et d'adolescence, vers un dénouement désespéré. »

     

    Yukio Mishima (三島 由紀夫, Mishima Yukio), nom de plume de Kimitake Hiraoka (平岡 公威, Hiraoka Kimitake), est un écrivain japonais, né le 14 janvier 1925, et qui s'est suicidé par seppuku le 25 novembre 1970 à 45 ans.

    Un roman qui m'a semblé très noir ; y est englobée toute une souffrance, un rejet, une pureté niée faisant des sillons dans la marre crasseuse d'une vie de guerres et d'immoralité, y est exprimé tout un théâtre de sentiments qui se chevauchent, qui cabrent vainement, qui sont occultés sans trop que l'on sache pourquoi. C'est une scène bouleversante et d'une grande tristesse qui s'y joue. On y retrouve beaucoup d'éléments historiques d'une part, et autobiographiques d'autre part : le lien saute aux yeux.

    « Je me sentis jaloux. Une intolérable jalousie, comparable à celle que doit éprouver une perle de culture à l'endroit d'une perle véritable. »

    Une histoire que l'on pourrait croire pétrie entre des mains poétiques et faussement floues, d'un obscur que l'on pourrait penser propre aux écritures orientales, et qui est en fait crue et assommante de réalité, d'expressions claires traduisant une histoire si sombre ! J'ai été envoûté par cette plume un peu distraite par moments, très sérieuse souvent, arrachée directement d'un cœur de pierre, et qui à son tour pétrifie celui du lecteur. Je parle de cette méprise — qu'il faut bien s'avouer, de nos petites tendances "pro-caricaturales" —, mais j'y suis moi aussi tombé dès les premières lignes... et comme j'ai dû remonter tout le long de l'œuvre, comme j'ai dû ravaler mes appréhensions, taire mes protestations, subir les événements avec une impatience presque malsaine, puisque tout empire, tout prend de l'ampleur, tandis que d'un autre côté on pourrait penser que cela s'estompe.

    « Hirschfeld place les « images de saint Sébastien au premier rang des œuvres d’art qui procure aux invertis un plaisir particulier ». Cette observation de Hirschfeld amène aisément à supposer que dans l’immense majorité des cas d’inversion, en particulier d’inversion congénitale, les pulsions inverties et sadiques sont liées ensemble de façon inextricable. »

    L'histoire est très prenante, marquante et devrait, je pense, être connue de certains dépositaires de courants de pensée bas et méprisants qui pourraient — et là, j'en suis sûr — y tirer quelque enseignement. Il y a un rapport avec le personnage principal qui suscite à la fois du dégoût et une profonde empathie. On évolue avec lui, on évolue jusqu'à se rendre compte que personne n'a évolué, et qu'il pourrait bien s'agir du contraire...

    « Les émotions n'ont aucun goût pour l'ordre établi. »

    Je ne veux faire aucune révélation sur la fin, mais j'ai eu le sentiment que l'on m'arrachait le livre des mains, que l'on me les coupait aussi nettement que l'intrigue. C'était un goût amer et particulier, sinon un bonheur, au moins un malheur. Il y a là quelque chose qui ne laisse pas indifférent, et je ne saurais réellement dire quoi.

    « Le penchant de mon cœur vers la Mort, la Nuit, le Sang était indéniable. »

    Et donc ? Une lecture... appréciée ? détestée ? En tout cas, qui ne m'a pas laissé indifférent. À mon sens, c'est cela, un roman. Je vous conseille Confession d'un masque si vous souhaitez faire des montagnes russes en compagnie de la répugnance, de l'immoralité et du charme d'une indifférence pourtant très humaine...

    Partager via Gmail

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :