• Jean Anouilh — Fables

    Fables


             

    Titre : Fables

    Auteur : Jean Anouilh

    Première parution : 1962

    Édition lue : Folio

    SYNOPSIS

     « Pourquoi n'écris-tu plus de pièces ? »
    M'a demandé Nicolas tout de go,
    Moi qui me crois Victor Hugo,
    Œuvrant, face à la mer dans ma petite pièce,
    Sur son rocher de Guernesey
    (La conjoncture politique
    Rappelant, par ailleurs, le règne de la trique),
    Je réponds supérieur : « Non, vois-tu, cet été,
    J'ai décidé
    (J'ai l'air badin et amusé —
    Ça me va bien) que j'écrirais plutôt des fables. »
    « Tu m'en montres une ? » — « Elles ne sont pas pour enfants. »
     

     

    Jean Anouilh est un écrivain et dramaturge français, né le 23 juin 1910 à Bordeaux (Gironde) et mort le 3 octobre 1987 à Lausanne (Suisse). Son œuvre théâtrale commencée en 1932 est particulièrement abondante et variée : elle est constituée de nombreuses comédies souvent grinçantes et d'œuvres à la tonalité dramatique ou tragique comme sa pièce la plus célèbre, Antigone, réécriture moderne de la pièce de Sophocle.

    C'est un recueil de quarante-sept fables, peu mis en avant dans la bibliographie de Jean Anouilh, un exercice de style, finalement, assez délaissé, oublié. J'étais désireux de découvrir cette facette méconnue de son œuvre et j'ai été extrêmement déçu. La lecture d'Antigone remontant un peu, je crois également me rappeler que je l'avais difficilement supportée, sans pour autant détester m'y plonger. De même pour Médée. J'ai donc parcouru ces vers avec de la confiance au début, beaucoup de courage à la fin.

    « Le chêne un jour dit au roseau :
    “ N'êtes-vous pas lassé d'écouter cette fable ?
    La morale en est détestable;
    Les hommes bien légers de l'apprendre aux marmots. ” » 

    (Le Chêne et le Roseau)

    Les thèmes sont horriblement récurrents, jusqu'aux termes, expressions employés : j'ai eu l'impression de lire un peu quarante-sept fois la même chose, les mêmes strophes, la même morale ; de rencontrer quarante-sept fois les mêmes animaux. À ce sujet, la couverture résume bien le phénomène : loups, lions, rats, et quelques crustacés. De l'autre côté : des hommes surtout, jeunes ou âgés, et des bonnes ; le rapport aux femmes. Au début, cela peut certainement être divertissant, de voir des dizaines de versions différentes d'un seul et même fond — bien que cela n'ait pas été le cas chez moi —, mais vers la page 50, l'exaspération ne peut à mon sens que monter. Je me suis lassé presque dès les premières lignes, lesquelles paraissent innocentes sans l'être, moralistes avec plus que des brins (des bras, oui !) d'hypocrisie et d'humour. Seules deux fables m'ont à peu près convaincu (L'amour et l'eau fraîche et L'astronome), et une strophe (tirée de L'amour et l'eau fraîche) m'aura satisfait :

    « Aimable vie.
    Et tous les six, dès lors, vécurent très heureux.
    L'amour s'enfuit de son élégant pied-à-terre
    Et s'en alla chercher refuge en Angleterre,
    Où la gastronomie n'a pas droit de cité ;
    Et où l'on dit que du dernier des pauvres hères,
    Jusqu'au Lord de l'Amirauté,
    Les amants font l'amour au thé. »

    C'est tout. Pour le reste, je me suis atrocement ennuyé, les répétitions, astronomiques, m'ont gêné à un point extrême. Les rimes résident bien souvent sur des mots répétés. Le rythme aussi, parfois, me faisait revenir en arrière pour vérifier si ce n'était pas mon cerveau qui avait fauté et non la fable. Les fameux thèmes étant : les hommes, l'amour, et les animaux qui aiment les hommes mais les hommes qui les tuent, qui les mangent et les animaux qui y voient une forme de preuve d'un amour qui de fait n'existe pas, et c'est assez étrange mais parlant au premier abord, puis dès la deuxième fois, comme le reste : extrêmement lassant. Il y a une reprise de La Cigale et la Fourmi de Jean de la Fontaine, transformée en La Cigale, simplement, et dont la morale est en fait inversée. Je n'y ai pas du tout été sensible ; il y a, sur cet exemple, quelques autres références (du type : La chèvre de monsieur Seguin pour une fable mettant en scène un bouc — je dis peut-être n'importe quoi, je ne me rappelle déjà plus les subtilités et je pense même ne jamais avoir eu l'envie de les retenir).

    « La lune à sa destinée...
    Vous ai-je dit qu'elle était jeune encor et bonne ?
    (Pas la lune, bien sûr, la bonne)
    Et charmante, avec des restes fort beaux ?
    Trois mois plus tard, il épousait cette personne...
    Toute science est si vaine et, pour ce qu'on en fait,
    Confort imbécile ou méfait,
    Que je rêve d'un monde où l'homme
    Ayant abandonné l'atome,
    N'aurait que son jardin et lui-même à soigner.
    Un monde où ces lunettes fabuleuses,
    Faites pour déchiffrer la nuit des nébuleuses,
    Ne serviraient plus qu'à lorgner
    Le derrière rond des baigneuses... »

    (L'astronome)

    Un très grand mal à rentrer dedans, à apprécier, à ne pas perdre le fil — parfois, il a fallu m'y résoudre, c'était impossible autrement. Certaines images m'ont plu, mais la globalité de l'ouvrage comporte trop de recyclages, de sorte que la lecture ne ressemble plus qu'à un vil marteau qui tape sans cesse sur un clou déjà enfoncé. J'ose presque affirmer que si l'on m'avait présenté ces textes comme des poésies, la pilule serait mieux passée...

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