• Vous aurez remarqué que mes objectifs ne correspondent presque pas à mes lectures.

    Vous aurez remarqué comme j'ai l'art de me détourner moi-même.

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  • La retraite sentimentale

    (++)

             

    Titre : Le retraite sentimentale

    Auteure : Colette

    Première parution : 1907

    Édition lue : Folio

    SYNOPSIS

     « Il y a un mois environ que je suis à Casamène, - un mois que Renaud gèle, là-haut, tout en haut de l'Engadine. Ce n'est pas du chagrin que j'endure, c'est une espèce de manque, d'amputation, un malaise physique si peu définissable que je le confonds avec la faim, la soif, la migraine ou la fatigue. Cela se traduit par des crises courtes, des bâillements d'inanition, un écœurement malveillant.
    Mon pauvre beau ! Il ne voulait rien me dire, d'abord : il cachait sa neurasthénie de Parisien surmené. Il s'était mis à croire aux vins de coca, aux pepto-fers, à toutes les pepsines, et un jour il s'est évanoui sur mon cœur... Il était trop tard pour parler de campagne, de régime doux, de petit voyage : tout de suite, j'ai deviné, sur des lèvres réticentes du médecin, le mot de sanatorium... »

     

    Sidonie-Gabrielle Colette, dite Colette, née le 28 janvier 1873 à Saint-Sauveur-en-Puisaye (Yonne) et morte le 3 août 1954 à Paris, est une femme de lettres française, connue surtout comme romancière, mais qui fut aussi mime, actrice et journaliste. Après Judith Gautier en 1910, Colette est la deuxième femme élue membre de l’Académie Goncourt en 1945. C'est son premier mari qui la poussera à écrire la série des Claudine, sa première concrétisation littéraire.

    « Moi, c'est mon corps qui pense. Il est plus intelligent que mon cerveau. Il ressent plus finement, plus complètement que mon cerveau. [...] Toute ma peau a une âme. »

    Voici donc ma lecture du roman intimiste marquant la fin de la célèbre série des Claudine, et ma première de Colette... elle m'aura fait beaucoup d'effet. Il m'est paru bon de commencer par cette œuvre-ci. En dépit de sa place dans une histoire déjà avancée, le sens du texte ne m'aura causé aucun problème, au grand contraire. La magie étant la suivante : le tout se voile d'un flou tout à fait clair... un rideau que l'on ne veut pas tirer, mais dont on sait pertinemment ce qu'il cache.

    « Ô vous, toutes les Suzies, si vous saviez à quoi tient ce que vous nommez l'amour d'un homme, quand cet amour s'appelle au vrai : désir !... »

    Il s'agit des confessions de Claudine dont le mari est absent et qui se retrouve seule avec son amie, Annie, laquelle lui conte les aventures de sa vie, non sans fougue et impudeur... C'est en outre une mine autobiographique — je ne sais si les autres romans de la série en font aussi acte — : on retrouve plusieurs éléments de la vie de Colette, dont le rapport au spectacle, à l'écriture ainsi que l'ambiguïté sexuelle.

    « Décidément, le ciel n'a pas voulu mettre en moi l'âme d'une sœur de charité. Les malades m'attristent et m'irritent, les enfants m'agacent... Jolie petite nature ! Je mériterais, pour me punir, une trôlée de mioches à moucher, à ficeler, à peigner... »

    J'ai été tout bonnement hypnotisé par cette écriture, ces phrases extrêmement léchées, ces images si expresses, si envoûtantes, ce parfum futile qui déferle sur les lignes à mesure que je les parcourais. Un pur délice de lire une déchéance intérieure, un orage qui jamais ne dépasse les frontières de la pensée d'un côté, de la peau de l'autre, qui ne se traduit qu'en quelques occurrences, et pour un bien piètre résultat. Et l'ambiguïté ! On ne sait que penser, alors on ne pense pas ; c'est tout aussi simple : on se laisse bercer.

    « Et pourquoi mon orgueil s'attache-t-il à ne vouloir dans mon cœur que des êtres "particulier" ? Tout ce qui les identifie au reste du monde m'irrite contre eux et contre moi. »

    Je vous recommande très fortement La retraite sentimentale et vous préviens par ailleurs : je me donne ici et maintenant pour mission inaliénable de lire l'œuvre complète de cette dame, qui m'a littéralement fasciné au travers des mots froids mais euphoriques de Claudine. Un chef-d'œuvre !

     

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  • Les enfants terribles


             

    Titre : Les enfants terribles

    Auteur : Jean Cocteau

    Première parution : 1929

    Édition lue : Le Livre de Poche

    SYNOPSIS

    « À la sortie du lycée Condorcet, Paul est terrassé par une boule de neige lancée par son idole, Dargelos, le coq du collège. Trop faible, il n'ira plus en classe, sa sœur le soignera dans leur chambre, navire imaginaire qui, tous les soirs, appareille pour des contrées lointaines. Ni Gérard qui aime Élisabeth, ni Agathe qui aime Paul n'empêcheront le frère et la sœur de s'adorer et de se déchirer. Cette œuvre clef de Jean Cocteau est un conte fantastique, un roman de poète dont le récit devient chant. La chambre est un sanctuaire où l'on célèbre un culte à l'amour et à la mort. Il y a une prêtresse, il y a un trésor, il y a des victimes sacrifiées. Il y a envoûtement et malédiction. »

     

    Jean Cocteau, né le 5 juillet 1889 à Maisons-Laffitte et mort le 11 octobre 1963 dans sa maison de Milly-la-Forêt, est un poète, graphiste, dessinateur, dramaturge et cinéaste français. Il est élu à l'Académie française en 1955.

    Un roman d'une beauté incontestable retraçant les mœurs anciennes d'une époque révolue. Une histoire en apparence banale narrée avec zèle et poésie. C'est à n'en pas douter un des chefs-d’œuvre de Cocteau.

    « Les êtres singuliers et leurs actes asociaux sont le charme d’un monde pluriel qui les expulse. »

    J'ai beaucoup aimé lire ce roman — d'une traite —, j'ai également eu l'étrange sentiment de ne rien comprendre de ce que je lisais. Un flou constant planait sur l'histoire, à mon sens du moins, il faisait que le moindre détail me paraissait déconnecté du reste, introduit sans raison ; il me fallait sans cesse revenir des pages en arrière.

    « Les privilèges de la beauté sont immenses. Ils agissent même sur ceux qui ne la constatent pas. »

    La fin est certainement digne d'une brève tragédie. Le tout se lit vite, bien. Je n'ai pas été plus emporté que cela par l'histoire, bien que le style m'ait ravi. On a l'impression de lire une description à l'aveugle, pesée pour sa beauté textuelle et non pour sa cohérence. Je continuerai de parcourir chaleureusement l'œuvre de cet auteur, incontournable, il faut le dire. Je ne me risque d'ailleurs pas à une critique plus approfondie puisque je respecte énormément cette œuvre, qui n'est, — est-il besoin de le préciser ?— pas seulement littéraire, mais aussi artistique, et vaste par sa diversité.

    À (re)découvrir !

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  • Un chant de Noël


             

    Titre : Un chant de Noël

    Auteur : Charles Dickens

    Première parution : 1843

    Édition lue : Version "succès du livre".

    SYNOPSIS

    « Écrit à la suite d'un voyage à Manchester, où Charles Dickens, visionnaire au grand cœur, avait défendu l'éducation comme moyen de lutte contre la pauvreté, Un chant de Noël préfigure les premières réformes pour humaniser le travail dans l'Angleterre industrielle de la reine Victoria. L'histoire de Scrooge, vieil avare grincheux et solitaire que trois fantômes vont convertir, la nuit de Noël, à la gentillesse et à la bonne humeur, continue de séduire petits et grands depuis sa parution en 1843. Drôle et émouvant à la fois, ce conte renoue pour notre plus grand plaisir avec le mythe du paradis terrestre. »

     

    C'est l'histoire de M. Scrooge, vieil homme acariâtre et solitaire, qui n'aime rien ni personne et que personne n'aime. Noël approchant, ses plaintes ronchonnes, comme chaque année, résonnent de toutes parts. Mais cette année, Scrooge va être miraculé...

    « L'obscurité ne coûte pas cher, c'est pour ça qu'il l'aimait bien. »

    Il s'agit donc d'un récit plutôt court et très simple à lire, mais non moins attachant et gentiment moralisateur. Je ne sais trop quoi commenter puisque je ne l'ose, en réalité ; on ne peut remettre en cause une telle voix, une telle puissance d'évocation, ce fil qui vous tient jusqu'au bout, sans pour autant en faire des tonnes, sans que l'histoire n'en soit très compliquée... On ne peut les remettre en cause car ils sont assurément des acquis à la lecture de Charles Dickens.

    « Je vous souhaite un gai Noël, mon oncle, et que Dieu vous garde ! », cria une voix joyeuse. C’était la voix du neveu de Scrooge, qui était venu le surprendre si vivement qu’il n’avait pas eu le temps de le voir.
    « Bah ! dit Scrooge, sottise ! »

    Une fable à morale des plus cultes au monde, qui gagnerait, j'en suis certain, à être découverte en anglais également (on notera de nombreux éléments tout à fait célèbres dans la littérature anglaise, comme le "humbug!" de Scrooge — "sottise" en français) ; une œuvre accessible, intemporelle, universelle, que l'on pourrait trouver quelque peu niaise mais qui sait prouver le contraire. Un classique, donc !

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  • L'invité

    (++)

             

    Titre : L'invité

    Auteur : Roald Dahl

    Première parution : 1965

    Édition lue : Folio (2006) : traduction de Maurice Rambaud (1974).

    SYNOPSIS

    « Connaissez-vous Oswald Hendryks Cornelius ? Ce grand voyageur, amateur d'araignées et d'Opéra italien, collectionneur de cannes, souffrant d'une phobie des microbes, et surtout séducteur invétéré ? Voici quelques pages du journal de cet étonnant personnage: lors d'un voyage en Égypte, à la suite de nombreuses péripéties, Oswald est invité à séjourner dans un somptueux château au beau milieu du désert du Sinaï. Et qui dit château dit princesse à séduire...mais à quel prix ! »

     

    C'est un bref récit de cent pages, une nouvelle comme elles affluent chez Roald Dahl. Celle-ci est extraite du recueil "La grande entourloupe", et ç'aura tout de même été ma première lecture de cet auteur d'un récit adressé à un public adulte. Une fois encore : je n'ai pas été déçu.

    « Pour ma part je n'ai jamais, absolument jamais laissé une relation intime se prolonger plus de douze heures. C'est l'extrême limite. Même huit heures, selon moi, c'est déjà tirer sur la ficelle. »

    Abordant le thème de l'amour avec une brutale délicatesse (je ne saurais faire plus précis sans dévoiler une once de ce qu'il incombe de garder pour secret), empruntant futilement le chemin revigorant, parfumé et haut en couleurs du voyage et du désir de vivre, l'auteur m'a emporté dès les premières lignes et, lorsqu'il m'est apparu logique de lâcher les dernières, j'étais là, bouche bée, refusant d'y croire, avec l'envie de relire une seconde fois. Ce que j'ai fait, par passages.

    « Oh, à propos, me lança M. Aziz, d'ordinaire je mets une cravate noire pour dîner. [...] C'est surtout pour plaire aux dames. On dirait qu'elles adorent se mettre sur leur trente et un pour dîner. »

    La chute est en effet cinglante. Je n'en dirai pas plus. Cette nouvelle est un concentré de cynisme et d'humour noir, maîtrisé sans conteste par Roald Dahl, et je m'attarde dans l'idée qu'il faudrait idéalement, systématiquement le lire une seconde fois. Il s'avère de fait que de nombreuses pistes et métaphores (je pense notamment au scorpion avec ses enfants sur le dos !) sont laissées au lecteur pour entrevoir sinon le dénouement, du moins la suite des événements — ce qu'il n'arrive bien entendu jamais à faire.

    « J'ai passé une nuit excellente, vraiment, merci à vous, répondis-je, en lui montrant que je savais. »

    Je recommande très fortement cette lecture qui fut un grand moment, il faut le dire, ce qui pourvoit d'ailleurs L'invité d'une attention supplémentaire dans ma note. Ma première belle découverte depuis que j'ai ouvert ce blog, en somme !

    Pour ceux qui l'ont lu, n'hésitez surtout pas à me commenter, cela me ferait très plaisir. Pour les autres... filez ! filez donc ! C'est à 2€ le folio !

    Partager via Gmail

    votre commentaire